Comme un grain de sable,
2011, 200 pages
Collection "Paroles du Terroir" fondée par Michel Francard, dirigée par Joël Thiry
éditée par l'asbl Musée de la Parole en Ardenne
D2011/3976/4
Depuis sa mise à la retraite, l'auteur a beaucoup voyagé dans le passé à la recherche de "ses vieux". Mais combien de fois, confronté à des archives à l'écriture illisible, au langage sibyllin et au message froid, ne s'est-il pas exclamé : "Ah ! s'ils avaient pu confier à l'écriture le récit de leur vie !..." Un beau jour, ceux-ci, tous unis sans doute au-delà du temps et de l'espace, lui renvoyèrent comme en écho son interrogation : "Et toi qui en as le loisir et les moyens, les as-tu écrites pour les générations futures les péripéties de ton existence ? Cette relation, sache-le, aurait sans doute un grand intérêt pour elles. Elles y trouveraient à la fois l'histoire d'une époque pour elles révolue, les leçons d'une vie, l'âme du passé ... bref tout ce qui pourrait alimenter leurs racines..."
L'exhortation venant de si haut, il ne pouvait se dérober. Le temps de tailler sa plume et de rassembler ses idées, il entreprit donc de découper sa vie en chapitres, cela depuis son enfance campagnarde jusqu'à ce jour annonciateur de son hiver.
Les voici énumérés ces chapitres qui ont constitué la trame de ses jours : la famille - Noël 44 et les dangers de l'après-guerre - l'enfance paisible - l'école au village - le petit Séminaire - l'Université - le service militaire - l'enseignement - la politique - hier et aujourd'hui.
Le lecteur en parcourant les sentiers de l'auteur retrouvera à n'en pas douter une parcelle de sa propre vie, cette vie qui, comme grain de sable…
Extraits
Si père et mère étaient d'une honnêteté poussée jusqu'au scrupule et pitoyables à toute misère, ils étaient bien plus regardants lorsqu'il s'agissait de la "dîme" en viande et récolte à fournir aux Allemands.
Un beau jour, un contrôleur - un Belge collaborateur - chargé des réquisitions arrive au village. Véritable tam-tam, le bouche à oreille aussitôt fonctionne et la nouvelle arrive, je ne sais comment à Rejonru. Marcel, sur le champ, dissimule les trois veaux gras dans un hangar sis quelque peu à l'écart du bâtiment principal. Le bonhomme de cinq ans que je suis observe le manège sans comprendre et au moment où le contrôleur désigne dans l'étable la bête de piètre qualité qui sera sacrifiée pour I'estomac du Reich, je déboule et, sérieux comme un jeune hidérien, je déclare : "Y en a encore trois dans le hangar..."
*
Les portes des cabinets de notre école étaient, comme qui dirait, tronquées : elles étaient en effet privées d'une bonne vingtaine de centimètres à la base et au sommet.
Il arrivait parfois qu'un grand garçon profitant d'un passage obligé ou feint dans le saint des saints et apercevant les pieds d'une accroupie, fit semblant par bravade ou provocation de se hisser à la force des bras vers le sommet de la porte pour jeter un coup d'œil à I'intérieur. La réaction du chœur des filles était immédiate. En véritables vierges effarouchées elles poussaient des cris d'orfraie qui faisaient fuir illico I'apprenti voyeur'
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Pendant ma première année d'enseignement, mes amis encore universitaires me jouèrent un tour pendable qu'il me plaît de rapporter. Avant d'entrer en carême - Iire : avant la période des examens - ils avaient décidé d'excursionner à Paris. Comme je n'avais pu, à mon vif regret, les accompagner, ils envoyèrent une carte souvenir " Au malheureux René Georges (sic) professeur à I'IND...". On y voyait les belles du Moulin-Rouge pratiquant un french-cancan endiablé et levant la jambe tant qu'elles pouvaient. L'envers du décor était ainsi libellé : "Les petites Françaises t'attendent pour calmer leurs ardeurs extra-républicaines". La sœur me tendit I'envoi... du bout des doigts, avec un air qui en disait long.
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Au moment où les soixante-dix coups plus un ont sonné à I'horloge de ma vie, j'ai conscience que je suis redevable de beaucoup aux anciens de mon village. Il me plaît ce soir de ne retenir que ceci et de le léguer à qui voudra. Par leur sagesse naturelle et leurs dires frappés du sceau du bon sens, ils m'ont très tôt convaincu de la relativité des idées et des théories, de la vanité du savoir à tout prix et du pouvoir face au destin des hommes. Grâce à leur discours souvent désabusé, je n'ai pas attendu Dabadie pour apprendre qu'en ce qui concerne "la vie, l'amour, I'argent, les amis et les roses, on n'sait jamais le bruit ni la couleur des choses."
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